La part du lion
Optica, Montréal
Pour La part du lion présentée à Optica en 2015 dans l'exposition Polyphonies instiguée par la commissaire Véronique Leblanc, Sophie Castonguay à rassembler un corpus d’œuvres qu’elle remédiatise par le biais de la voix d’un récitant présent tout au long de l’exposition. Ce récitant, tel un guide atypique, jette un regard oblique sur le corpus présenté, propose de faire des parallèles avec des citations d’auteurs et accompagne ainsi le spectateur alors que celui regarde les œuvres. La voix du récitant plonge dans une langue de feu ; une parole à la fois poétique et politique, délibérément polysémique.
Les oeuvres choisies sont les suivantes : Migration de Jean-Michel Simard, Ailleurs au même endroit et Taedium vitae de David Gagnon, Genetically Modified Money de Konrad Wendt et une oeuvre sans titre de Yan Chubby.
"Peut-être bien que regarder un tableau devrait toujours se faire en chantant ou en fredonnant tout bas afin de faire taire ne serait-ce que quelques secondes le commentaire qui cherche à se formuler en nous souvent un peu trop rapidement.
On peut fredonner quelque chose si l’on veut. Ce n’est pas obligatoire mais on peut le faire. « Quand on est dans la merde jusqu’au cou, il ne reste plus qu’à chanter ». comme le disait si bien Beckett. Devant le tableau, on peut avancer et reculer, reculer sans regarder en arrière, avancer à nouveau et se tenir là, debout, juste là. Il s’agit d’une simulation bien sur. « C’est la maitrise d’un espace simulé », « c’est la maitrise d’un espace simulé qui est à la source du pouvoir ». « Le politique comme vous le savez n’est pas une fonction, un territoire ou un espace réel mais un modèle de simulation.»
À tort, certain pense que le langage est immatériel. Je pense plutôt que le langage est corps. Corps subtil. Les mots sont pris dans toutes les images corporelles. La dette est sidérante. Mais quel est le lien avec ces tableaux ? C’est que nous regardons avec la langue et nous avons une dette envers elle.
Nous sommes requis, pour les opérations imageantes. Nous sommes requis, devant les tableaux. Prenons le temps de l’acte désirant."