L'agora du Pavillon Judith-Jasmin est-elle une agora ? C'est à partir de cette question que s'articule la proposition d'Isegoria. Alors que par définition l'agora désigne un lieu de rassemblement, la place des institutions démocratiques, le centre de la vie sociale, l'agora du Pavillon Judith Jasmin ressemble plutôt à un lieu de passage, un endroit désert ou personne ne s'arrête, si ce n'est que pour quelques minutes en attendant un ami ou, branché sur un lecteur mp3, en attendant le début d'un cours. On pourrait dire que l'agora Judith Jasmin porte très mal son nom ou même, si l'on prête l'oreille aux légendes urbaines qui circulent à l'UQÀM, aller jusqu'à croire que l'agora à été conçu pour éviter de rendre le lieu favorable à tout rassemblement étudiant. Il faut dire que le Pavillon Judith Jasmin a été construit en 1976-79 à peine dix ans après mai 68.
Question de soigner le lieu et puisque « seul les barbares n'ont pas d'agora », Isegoria se veut une prothèse d'agora, une simulation d'agora dans laquelle 20 personnes proclament des paroles sur la place publique. Les récitants portent chacun un casque d'écoute par le biais duquel je leur souffle des paroles à prononcer. Par moment, la parole s'emballe et l'agora devient Babel tandis qu'à d'autres moments les 20 récitants forment un chœur ; une seule voix revendiquant la puissance du nombre face à cet espace inhabitable.
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