Sophie Castonguay
À partir d'Anna O., Galerie Verticale
par David Gagnon - Septembre 2002


Cela ressemble à un amphithéâtre, mais cela pourrait n'être que de l'espace. Des gens se sont rassemblés, on entend : « Partout la représentation d'elle-même... Dans chaque tableau on la reconnaît... C'est une obsession dirait-on, mais peut-être vaut-il mieux attendre avant de poser un diagnostique... »
Lui (à lui-même) : « Il fait noir, nous sommes seuls. Attendons-nous à ce que quelque chose se brise ou à ce que quelque chose apparaisse. »
Quelqu'un : « L'histoire de la malade Anna O. peut paraître invraisemblable et, à sa manière d'écrire, le Dr Breuer pourrait passer aisément pour un dramaturge.
(Des murmures se font entendre).
Lui (à lui-même) : « Ce que j'ai cru être la noirceur devient tranquillement, parce que je recule, ce que je reconnais être un rectangle. »
Lui (à l'assemblée, comprenant qu'il s'agit d'un tableau) : « Du coin des yeux, ensuite en parlant, puis enfin de face, j'observe un tableau rectangulaire presque carré. Ce qui s'y passe n'est pas très clair, on dirait des limbes où chaque figure est l'indice d'un événement. Des liens se définissent, forcés par leur cohabitation. Je vois un visage, un autre visage, un accouchement, de la végétation...
[Soudain]
Elle : « Tout part de moi. (Elle dessine à l'aide de son index un rectangle dans l'espace).
Lui : « Est-ce un poème ? »
Elle : « Peut-être... Mais très personnel. (Elle se mord la lèvre inférieure, regrettant ce qu'elle vient de dire).
Quelqu'un : « Comment se fait-il qu'il y ait autant de représentation d'elle-même ? »
Un autre : « Mais de qui parlez-vous, du docteur ou de la patiente ? »
Quelqu'un : « Je ne sais plus très bien... »
Un troisième : « Vous n'y comprenez rien ! Elle veut se voir apparaître. »
Plus près : « Peut-être est-ce pour bientôt... Je veux dire l'apparition. »